Ailleurs…

Ce week-end, engloutissement dans le tsunami coloré du Salon du Livre, avec une impression puissante et désagréable de noyade absolue. Dans ce hall immense bourré à craquer, temps accéléré et silence aboli, la place est désormais tenue par des hordes d’admirateurs ébaubis de vedettes (« Regarde, c’est Françoise Hardy ! », « Attends-moi, je prends une photo de Marc (Lévy ) ! »), par des gens qui veulent d’abord voir ou être vus. Du coup, on ne distingue plus les écrivains – ou plutôt on ne les entend plus : tous sont devenus des VRP assommés de demandes, vendant leurs livres comme les troufions démobilisés vendaient des bas, du chocolat et des cartouches de cigarettes après la guerre, dans ce qui est devenu une foire d’empoigne absolument effroyable, comme le reste de ce nouveau monde de plus en plus schizo.

Grosse fatigue. Musique.

36 réponses

  1. Même chose à Avignon.
    Salon du livre, festival de théâtre, salon de l’agriculture, fête de la musique, salon de l’étudiant (pas mal, dans le genre, non plus)… Vendre, vendre, vendre.
    Les comices agricoles de Flaubert ont gagné.
    En même temps, comment veux-tu qu’il y ait autant d’écrivains géniaux que de signataires au salon du livre, autant d’ oeuvres impérissables, que de merdes éditées ?

    1. Je sais bien ce n’est pas possible. C’est complexe – d’autant qu’un bon écrivain peut aussi écrire un mauvais livre qui se vendra bien, et un très bon livre qui ne se vendra pas.

  2. Il faut lire absolument André Schiffrin, « L’édition sans éditeurs », La Fabrique. Son expérience américaine dévoile tout sur le marché du livre (comme il y a un marché de l’art -et là, il faut lire Jean Clair, Jean-Philippe Domecq ou Yves Michaud -, un marché de la mode, de la fourrure, du voyage clé en mains, etc.).
    À part cela, everything’s ok…

    1. Merci Philippe, je note.
      Ce qui m’embête, dans tout ça, c’est que les auteurs les plus exigeants sont les plus pénalisés. Toujours pareil quand la quantité prime sur la qualité, le nivellement se fait par le bas…

  3. Bon, en plus, j’ai chopé la grippe, parce que c’est aussi une foire aux microbes et aux virus, ce machin.
    Fièvre de cheval (de course-en sac-à patat-ez moi ça)…
    Pfff.

  4. A force de prendre de la auteure, tu deviens misanthrope et prends tous les édiles en grippe. En trois phrases assassines, tu les fais friser l’édile-cul….En plus des droits d’auteur , tu prends beaucoup de cachets. Fais attention, à ton estomac , il pourrait s’ulcérer, autant que toi . Essaies , plutôt, d’avoir un étalon à l’estomac, surtout s’il est bôgosse….Courage!!!

    1. Ben ça fait longtemps que je suis misanthrope, Patrick. Bon, j’aurais pas dû lire Debord en plus… :D
      J’prends pas de cachets, moi, sinon. Une grippe, ça se soigne par le repos, surtout (je suis contre l’over-médication). Donc ZZZZ. :)

  5. Bon misanthrope, ce n’est pas terrible, j’espère que tu ne t’es pas mise au gin., il n’y a pas pire,parce que l’addiction peut s’avérer salée…

    Ce matin , j’ai lu dans le conard local, le propos perplexe au sujet de la Syrie, d’un journaliste qui doute de la fiabilité « des témoignages humains ». Il ferait mieux de faire témoigner des chameaux, plutôt que de déblatérer dans le désert.

    information top secrète: Les habitants de Bangui, s’appelleraient des bandits..

  6. moi ça m’a bcp plus de voir plein de monde au salon du livre, des tonnes de gamins dans le coin bd, des tonnes de gens de tout âges entre des tonnes de bouquins et quelques éditeurs intéressants, plutôt d’ailleurs sur les hubs régionaux (le prix des stands les rendent inaccessibles à beaucoup d’éditeurs : 10000 euros pour un petit stand), à part ça Sophie, je veux bien que tu me remettes du blues dans tes prochains billets, que j’écoute en te rédigeant ce petit commentaire, biZZZZes

    1. Toi, tu es un être solaire, tu vois le bon, pas le mauvais – et tu as totalement raison, au fond. (Ma grippe m’a fait prendre le monde en grippe, haha !)
      Je te remettrai du blues, promis ! :)

  7. PS : Et je suis d’acc’ pour les hubs régionaux, même si mon éditrice a préféré s’envoler pour Bologne sur ce coup. 10 000 euros, c’est hors de prix…

    (L’autre truc que j’aime, dans les salons, ce sont ces déluges de couvertures inventives (j’adore les bonnes couvertures), d’autant que ça s’améliore d’année en année, enfin je trouve.)

  8. Ce que j’ai le plus aimé au festival de la BD ce sont les conf » avec des auteurs ou des gens du monde de la BD… D’un autre côté sans jouer trop le type blasé… oui c’est quand même sympa de rencontrer des auteurs qui dédicacent ou qui dessinent… J’ai raté Uderzo malheureusement…

    1. C’est toujours sympa de rencontrer les auteurs. Mais c’est comme pour tout : ce qui est bien, c’est d’avoir du temps et de l’espace. Quand ça devient de l’abattage en chaîne serré-collé étouffant, c’est pas marrant du tout.
      C’est comme les plages, c’est chouette quand il n’y a pas trop de monde. Dès qu’il y a quarante mille pékins, des vendeurs de friture et des bruits incessants de trucs à moteur, ça devient moche et chiant.
      :D

  9. Le dernier salon dont on cause….Beaucoup d’ auteurs de BD ne se prennent pas trop au sérieux, ils sont très proches de leurs lecteurs, souvent jeunes. Ils sont passionnés et aiment partager cette passion ludique.Ils ne sont pas embarrassés de leur œuvre, ni convaincus d’avoir changé le monde…ceux que je connais ne se la jouent pas « Je regarde le monde,statufié, avec (h)Auteur….
    Personnellement, je n’aime pas trop les salons, ni me retrouver en face à face, inopiné, avec un auteur(e). Les rencontres ressemblent à de l’abattage alors qu’il faut du temps pour s’apprivoiser, mutuellement; Un livre échappe à son auteur qui a droit à son intimité. Un lecteur se l’approprie pour de biens étranges raisons, parfois. Tous les mystères ne doivent pas être levés. Je pourrais avoir une pléiade d’ouvrages dédicacés ou dessinés. Le livre est en soi , une signature dédiée…Foin des simagrées marketing et respect!!

    1. Gamine, j’adorais le salon de la BD de la Mutualité. J’ai une belle dédicace dessinée au crayon de François Craenhals datant de cette époque, entre autres. Je le revois me sourire gentiment en la faisant, et je me revois rentrer chez moi après en me demandant si j’arriverais, un jour, à dessiner comme ça moi itou… :)

  10. « Désormais » ? ; ))
    Je l’ai tjs connu comme ça, le Salon – et puis c’est un peu comme dans une soirée en appartement : quand il y a trop de monde dans le salon, une contre-soirée s’organise dans la cuisine.
    (et je plussoie Gilles!)
    Remets-toi bien, surtout

    1. :D Oué la cuisine c’est bien. Et le balcon, aussi.
      Nan mais chus vioque, moi. Mes premiers Salons du livre, je les ai connus au Grand Palais. J’ai commencé à ronchonner quand ça c’est installé Porte de Versailles pour devenir une foire. C’est comme celui de Montreuil : au début, c’était sous une grande tente sur la place de la mairie, et on pouvait y traîner des heures et tout feuilleter sans brouhaha, sans barnum… Le Festival America est encore comme ça, mais il finira un jour dans une halle aussi, rançon du succès…
      Bon bref, je sais bien que Gilles et toi vous avez raison. :)

      (Merci ! Je kill la grippe, j’t’explique pas comme.)

  11. Note qu’à Montreuil c’est mieux : l’an dernier, si j’ai bien compris, il y avait un étage pour le barnum, et un étage pour les livres…
    (ce qui est étonnant, c’est qu’en viei… en grandissant, je deviens sourd et presque aveugle au barnum ; d’ici qqs années j’arriverai peut-être à passer au large en m’en foutant complètement ; )

    1. J’y suis pas allée l’an dernier… Je vais au Salon des Indépendants depuis deux ans, j’aime bien l’endroit, on respire, et les gens qui viennent sont des lecteurs acharnés, pas des chasseurs de vedettes (y’en a très peu d’ailleurs)(on y voit surtout des barbus à bouffardes, hahaha !)

      Moi j’ai trouvé le truc, sinon : je ne mets pas mes lunettes. Le flou protège (mais j’me fais engueuler un chouïa : samedi, je suis passée à un mètre de mon oncle sans le voir !) :D

  12. L’art de tout bon filou est d’escamoter le « i » et de laisser dans le flou. La sagesse est de regarder la flibusterie avec filousophie, montrer qu’on sent flou des mesquineries et que le plus flou n’est pas celui qu’on croit. Quelques artistes d’art comptant pour rien, contemple le monde merdique à travers une lunette de WC….Mais cela ne vaut pas la peine d’écrire un papier de chiottes, là dessus. Surtout,si le salon du livre se transforme en foire du trone…

  13. Ben moi je suis allée au salon du livre, le vendredi après-midi exclusivement et j’y ai vu Sophie K,ce qui m’a donné l’impression d’être une star, surtout quand elle m’a promenée jusqu’au pied de la tour Eiffel magnifiquement éclairée dans sa merveilleuse auto. Voilà, c’est ça pour moi, le salon du livre 2013.

  14. Soph: Qu’est ce que tu as comme Rolls? En ce moment, je fouine pour comparer tous les rolls- mops du coin…Je vais finir en peau de hareng….

    1. J’ai un tout p’tit cheval teuton qui ne se cabre jamais, qui se gare partout, qui nécessite fort peu de fourrage, et qui ne rejette aucune particule fine.

  15. Oh dis, serais ce une fox? Les fox trottent et sont assez renardes pour se faufiler, n’importe où, au golf au polo même par vent de sciroco ….mais si songe, toi , tu es too much et même too up!….Quoique je te vois mal de contenter de tous petits teutons….:))

  16. Hier, je suis allé bader à l’exposition Giacometti au musée de Grenoble. Elle ne m’a pas emballé plus que çà, je l’ai trouvé plus plate que les sculptures de l’artiste…Grenoble s’enorgueillit d’avoir, précurseuse, acquise « la cage ».. Faut dire que je ne suis pas un tenant féroces des conservations muséales. Je sais, je suis un peu con, les œuvres doivent, aussi avoir leurs cimetières et leurs forts Knox…Le musée Lavalette est une splendide réalisation architecturale très lumineuse avec des baies du sol au plafond. Je me promenais dans les salles dédiées au contemporain au rez de chaussée, je surpris quatre SDF , dehors, dans l’encoignure d’une vitre, se protégeant du froid , comme ils pouvaient, avec moult couches vestimentaires, ils tapaient le carton….A l’abri dans l’ambiance propre aux musées au milieu des chefs d’œuvre, le choc visuel fut rude….Ils auraient pu être « une performance » à l’intérieur…En rentrant sur une place, deux autre SDF avaient squatté les prises électriques des camelots des jours ouvrés. Engoncés dans des vêtements et couvertures, ils tapaient sur des ordinateurs portables, naviguaient sur internet….Image de la modernité dans une ville moderne!

  17. Bonjour Sophie
    J’avais eu l’occasion il y a quelques mois de te rencontrer chez Laurent et aperçu vendredi soir dernier.
    Je me sens moins seule de lire ton ressenti suite à ta visite au salon du Livre … J’ai rebroussé chemin et me suis rendue à ma petite librairie de quartier pour y retrouver un vrai échange et l’amour des livres. Bonne continuation. Sylvie

    1. Eh bonjour Sylvie ! Oui, moi aussi, je t’ai aperçue vendredi, dommage qu’on n’ait pas pu parler ! Contente de te lire ici.
      Eh oui, on fuit vers les librairies, haha !

  18. A Montreuil, il n’y a jamais eu un étage pour les livres et un pour le barnum. Rez-de-chaussée et premier étage pour les bouquins… et le sous-sol pour les expos, les conférences, les rencontres, etc.
    N’empêche que je préférais sous chapiteau. Ce bâtiment néo-stalinien est désagréable et rebutant.

    1. Oh là là, oui, on a l’impression d’entrer dans un bunker, et on n’y respire pas. Le chapiteau, c’était sympa, fluide, aéré et bricolé. J’aime bien les trucs bricolés. :)

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