« Ça m’énerve », Marie-Ange Guillaume

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi, jusqu’à présent, je ne connaissais pas Marie-Ange Guillaume. Grâce à Franswa P. qui, en cadeau de Nouvel An, m’a envoyé le dernier livre* de cette rebelle tordante, c’est enfin réparé. Merci Franswa. Paru au mois d’octobre dernier, « Ça m’énerve » (éditions Le Passage) recense une bonne partie des trucs exaspérants du fabuleux monde moderne à nous qu’on a. Ainsi que l’écrit l’auteur : « Pas les nuisances graves, comme la guerre, la mort et les avions qui se cassent la gueule. Non, juste les irritations, les furoncles, les gâchis d’humeur, les casse-couilles en tout genre, les hotlines, la feuille de laitue décorative piégée dans la sauce, les paperasses et les télécommandes, le principe de précaution, le garçon de café qui met trois plombes à noter votre présence, la housse de couette récalcitrante, la langue de bois, les chasseurs d’éléphants, l’anticyclone coincé au-dessus de Bucarest. »

Décidément, en ce moment, je ne lis que des choses épatantes sur des thèmes que j’ai eu un jour envie d’aborder moi-même. Comme je suis parfaitement flemmarde je manque de temps, ça m’arrange, d’autant que ces créateurs le font beaucoup mieux que je ne l’aurais fait. Quand j’avais douze ans, je lisais « Les Dingodossiers » en vénérant Gotlib et Goscinny, et c’était pareil, au fond. Ils écrivaient ou dessinaient déjà les trucs que j’avais envie d’écrire ou de dessiner. Idem quand j’avais vingt ans et que j’écoutais Desproges avec délectation. Bref.

L’un de mes films fétiches étant « Le Bal des casse-pieds » (Yves Robert, 1992), je me suis donc ruée sur ce chouette livre* dès réception, et je l’ai englouti comme une morte de faim, et je peux dire maintenant avec toute la colère du gourmand à qui on ne sert qu’une petite part d’un gâteau délicieux que CE LIVRE* EST BEAUCOUP TROP COURT ET QUE J’ATTENDS DE PIED FERME UN TOME DEUX, et même une trilogie, pourquoi pas hein, parce que Goscinny, Desproges, Yves Robert et un paquet de gens drôles et lucides ayant disparu ces dernières années (ce qui est tout à fait anormal), il ne reste plus grand-monde à part toi, Marie-Ange, pour dire avec humour tout ce que ressentent certains d’entre nous face à l’administration, aux crétins, aux mères de famille, aux trains en retard et aux sachets à « l’ouverture facile ».

(Et, comme à son habitude, Word m’informant d’un soulignement vert mécontent que j’écris des phrases trop longues, je lui fais virtuellement un bras d’honneur – d’autant qu’il tente également de me faire écrire « j’écris » avec un ‘t’, cet abruti.)

 

* Non, je n’utiliserai pas le mot « opus » ni aucun autre mot que « livre », tu peux courir, toi, trentenaire iLettré, amateur de synonymes, de marronniers et de poncifs qui ne t’empêchent jamais, hélas, de confondre les infinitifs et les participes passés. D’ailleurs, je profite de cet astérisque pour te dire que je n’utiliserai jamais non plus, entre autres, les expressions « épisode neigeux » ou « polar sans concession » (je ne sais décidément pas ce qu’est un polar avec concessions, à part celles des cimetières), ni aucune de ces périphrases merdiques polluant tes crachins verbeux. (Et oui, je te le confirme, il neige, parce que c’est l’hiver, vois-tu. Ah, je sais, c’est bizarre, c’est froid et ça glisse, la neige, hein ?)

23 réponses

  1. la mauvaise humeur serait-elle , en plus d’un fonds de commerce, un combat de vieille garde?
    jean-louis Fournier a sorti dans la même veine  » Ca m’énerve »
    et il faut croire que ça marche ( ça me fait penser à Garcimore )
    je dis vieille garde car rien ne m’énerve plus que les comiques appointés du service en dehors de ceux du Tribunal des Flagrants Délires…mais c’est parler là d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître?

    1. Ah oui, « l’humoristerie » désormais obligatoire de la boîte-à-cons télévisuelle ou radiophonique est devenue insupportable, je suis d’accord. Plus une seule émission sans comiques de service, troupiers (pas drôles) inévitables, toujours les mêmes d’ailleurs. Effrayant. Rien qu’en voyant leurs noms, je zappe ailleurs très vite…
      (Donc, oui, le type d’humour de mauvais poil de Marie-Ange Guillaume, réconfortant pour moi, est un combat de vieille garde, je crois. Snif.)

  2. A moi aussi,cet univers casse couille me fout les nerfs en pelote , ce qui est bien pratique pour ce faire tricoter un pull par les temps qui courent. C’est vrai, c’est énervant ces frimas qui donnent de jolies frimousses aux filles.Hélas le leurs dire fait s’aventurer en terrain glissant , il ne reste plus qu’à écrire de ridicules vers glacés….faut dire qu’elles sont fort occupées les filles entre les stages de ceci de cela, la recherche de l’épanouissement personnel…etc…elles n’ont plus guère le temps de s’occuper de mes balloches, c’est ballot. Les mecs , pareils mais eux , je m’en fous, ils n’ont jamais assez d’occupations à mes yeux, le principe premier du marketing est d’épuiser la concurrence. Vive l’homosexualité masculine !
    C’est vrai que l’inventivité débridée de l’homme pour pallier aux incuries romaines, les Galilée, Copernic de tout acabit est agaçante, ils empêchent la terre de tourner en rond à force de faire un plat d’un globe. Des emmerdeurs comme çà faut , faut se les sphère cosme le disait ton parent Médicis. La lunette qui coûta un prix astronomique pour établir un héliocentrisme moins important que hélio-thalassothérapie, vaut mieux bronzer idiot que brûler vif, eut surtout des débouches militaires.. Faut reconnaître que la seule invention qui a du fondement est la lunette des WC. Si l’électricité n’avait pas été inventée, il n’y aurait pas ces horribles et polluants barrages et autres centrales nucléaires, il n’y aurait pas internet. En conséquence, je ne soupçonnerais pas l’existence d’une Sophie K , ces râleries roboratives,urticantes et salutaires.ainsi que ces trouvailles comme cette Marie Ange qui démonte notre petit confort, la diablesse. Que fricote Marie avec un ange Faudra que j’en parle au Père, Le Joseph , il s’en fout d’être cocu.
    S’ il n’y avait pas eu Gutenberg et les moyens de transports, je ne connaîtrais pas la xylographie, les langues de bois de Dürer, Doré , Gauguin, Munch, j’en passe et des aussi bons, je goberais des xylolalies comme un crétin des alpes. Sans les hotlines, je ne connaîtrais pas les sites hots, je croirais encore que seule la hotte du père Noël pourrait m’apporter des surprises parties. Déjà , que j’ai un train de retard, je ne pourrais plus planer tranquille, surtout avec ces zigotos qui veulent m’empêcher d’atterrir à Nantes où il y a de si jolies filles. Bien la peine d’avoir une Notre Dame des landes et un gentil Hayrault, Bon Dieu ?…S’ls ne le construisent pas cet aéroport, il n’y aura, jamais, là bas , de premier sinistre,l’économie en sera bouleversée les pompiers et autres secouristes resteront sans emploi….
    Les gens manquent terriblement d’humour. Une amie m’avait demandé d’être son garçon d’honneur pour son pénultième mariage, je lui offris un bras d’honneur, elle se fâcha, j’en reste marri , surtout qu’elle était fort jolie, c’est un manchot, empereur ,certes , qui l’accompagna à l’hôtel où il ne fut pas manchot à ce qu’on dit….J’arrête de faire le casse bonbons et merci pour ton commentaire, le mien se passe de commentaires…
    icon_twisted

  3. Ben dis donc, t’es vachement énervée. Je sens que ce livre va faire un tour dans ma besace. Rien que les sachets à ouverture facile, ça me fait un bien fou que quelqu’un ose enfin dénoncer ce scandale. L’épisode neigeux est doublé chez moi d’un épisode laineux parce que, autre scandale insensé : il fait froid l’hiver :-).
    Je vais viendre à Paris le prochain ouikende, mais je serai plutôt libérée le mardi. T’es prévenue, hu hu.

    1. :) Non, je ne suis pas énervée, en fait. Enfin, pas plus que d’habitude. Ou alors un tout petit peu plus. Mettons un petit 7 sur l’échelle de Richter de l’énervement. Rien de bien grave. Ca ne passera certainement pas au 8. A priori. Je fais tout pour.
      Gnnnnh.

  4. « Ah, Patrick. Tu tiens la forme, c’est très bien’

    Où ce que çà m’amène hélas si j’en crois les dires d’un autre gaga du même nom….J’ai plus qu’à courber l’Eschyle sans en faire une tragédie
    icon_humpf

    1. :)
      Je ne sais que te répondre, soudain, à part qu’on y va tous… Selon les publicitaires, ça semble se préparer comme on prépare ses vacances et sa retraite, dans la joie et la bonne humeur, avec des GO qui vous tendent des conventions obsèques formid’s, gai gai marions-nous, on ira tous au paradis.
      Mais bon. Gardons ces plaisirs fous pour plus tard.
      Je rigole encore en relisant la page sur les haïkus de Marie-Ange Guillaume.
      Je voudrais bien proposer un haïku sur la feuille de salade (qui, quand elle ne meurt pas en toussant dans la sauce, vient se coincer entre les dents de d’vant pour enjoliver le sourire des belles), mais j’trouve pas.
      La vie est dure.

  5. Post mortem !!

    Tsst, tsst, t’inquiètes pas, j’ai cédé un peu rapidement à mon goût pour les jongleries sémantiques….La mort m’effraie moins que ce qui la précède. J’espère être, suffisamment, affranchi pour passer de l’être au néant sans un pli . J’ai été,assez dispersé dans la vie , je souhaite l’être définitivement, post mortem, je me ferai des cendres en temps utile.
    Mon propos concernait, en fait tous les écrits que j’éparpille un peu partout sans les compiler, les travailler, les structurer , en faire l’objet d’un roman ou d’une pièce de théâtre. Persuadé de l’inanité de toute chose et que la réalité dépasse , toujours, la fiction, j’use pour m’exprimer d’un registre loufoque voire absurde, mais pas uniquement, j’aime bien laisser se développer un langage poétique au fil des mots.Ce registre de l’absurde, je ne l’assume pas, totalement, je le considère comme une sorte de facétie désinvolte . Mais, parfois, l’envie me prend de l’adopter dans un projet plus construit et de débrider mon imaginaire à l’écrit comme je le fais oralement. L’oralité et l’improvisation me sont des moyens d’expression faciles qui portent bien l’humour qui m’est intrinsèque. Le plaisir qu’il me permet de faire naître, chez les gens, est jubilatoire….Sinon mon ego n’est pas égal à celui de bien des plumitifs. Au fil du temps , mon insignifiance se réduit comme une peau de chagrin, ce qui n’empêche pas d’avoir le plaisir de rire et de faire rire , solidement chevillé outre le goût pour faire penser. Comme Alexandre Yersin, à mon modeste niveau, je considérre que toute idée, tout acte, n’est validé que par son examen critique….Ouf, c’est fou d’être ,aussi long, enfin bref !
    icon_kikik

    1. Mais si ton insignifiance se réduit, ça veut dire que ta signifiance augmente (surveille tes jauges), fais gaffe, quand même…
      icon_lol
      Continue à troubader (du mot troubadour), les paroles et les bons mots finissent par rester malgré le vent, au fond…

  6. Je crois que j’idolâtre ces pubs d’aprèm’ du câble pour les « conventions obsèques », avec des retraités hyper-joyeux à l’idée de signer des paperasses d’assureurs, qui leur téléphonent en hurlant (ben oui : ils sont vieux, donc sourds) et qui soulignent trois fois le mot « sous 48 heures » sur leurs agendas, juste avant de noter plus loin « ne pas oublier de mourir » entre un rendez-vous chez le coiffeur et un autre chez le rhumatologue.
    Avec la pub, c’est fabuleux : mourir, c’est juste un truc un peu désagréable qu’on s’oblige à faire en riant pour s’en débarrasser, avant de revenir tout frais le lendemain pour jouer à la belote ou rouler en vélo en casque rose fuchsia avec ses copains.

  7. A!h la la, on voit bien que tu n’es ,jamais , morte toi.
    Tu fais des anachronismes involontaires, un revenant ne joue pas à la belote mais au bridge où il fait le mort, il ne fait pas de vélo de peur d’un coup de pompe funèbre. Le pauvre fait une attaque en recevant sa feuille d’impôt sur les revenus…Quant aux proches, ils se démènent pour enterrer à vie ce garçon . Les cimetières sont surpeuplés et personne ne veut faire de concession.On ne voit plus guère les cortèges funéraires qui laissaient croire que le mort, couché dans son cercueil, était une personne alitée.Je m’en souviens, pourtant,d’un qui m’avait frappé.

    Marchant
    Dans le brouillard
    Un soir
    Où ,j’étais aller boire
    Pour cacher mon cafard
    Tuer le temps blafard
    Sans espoir….
    Je vis
    Un corbillard noir
    Tiré par un cheval efflanqué
    Attendant l’abattoir,
    Suivi
    Par monsieur Bizarre
    Le visage
    Las,désemparé.
    Comment va , madame Bizarre ?
    Doucement, hélas !
    Dit-il, montrant
    Le funèbre attelage
    icon_mad
    J’ai mis une icône pour saluer ces pauvres gens…in memoriam. Je n’ai pas mis de requiem, l’introït a une connotation un peu cochonne que la défunte pourrait percevoir dans sa caisse de résonance même si ce n’est raisonnable comme dernière pensée. Requesciat in pace!

  8. Ah ben t’avais pas lu le catalogue de feu Panama : M-A Guillaume y a publié deux bouquins pour Florence Barrau, et elle en avait publié aussi au Seuil… et puis c’est la biographe de Goscinny, puisqu’elle a fréquenté le vieux Pilote… Chez Panama, un livre où elle relatait ses très nombreuse relations masculines…
    Je l’ai croisée une ou deux fois… elle a l’air bien allumée…

  9. :) …Donc une femme comme je les aime…
    Pas lu le catalogue à l’époque, non, mais j’ai vu tout ça : une bio de Goscinny et une de Desproges (d’où mes allusions dans le post), et Pilote (mâtin…), oui.
    Contente de te relire, Monch’. :)

  10. Faudrait quand même que je m’attelle à la mise en ligne de qq illustrations et de mes montages dans les galeries de ce blog mais le problème c’est que c’est long, et QUE J’AI TROP LA FLEMME.
    Rââââhaâârgh.

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