Claire-voie

Restance…

Photo Sophiek

Bon, vous l’aurez noté, ce blog est entre parenthèses en ce moment. Je crois que je me repose un peu depuis qu’il fait beau. Je crois que ça va continuer comme ça pendant l’été. Ralentir. Souffler. Être là sans être là. Lire, dessiner, écouter de la musique, voir des films de sabre et des polars, me balader. Je vous souhaite à tous la même chose, mille sabords.

Du bon usage du Rötring

Dessin de Mark-Edward Geyer

Un bon dessinateur travaille avant tout à la plume ou au pinceau (avec les deux, en fait), mais le Rötring ™ reste un outil intéressant pour les tracés des seconds plans, genre voûtes de la Sixtine derrière l’un des profs fouineurs de Dan Brown, ou rues de Chicago avec briques et escaliers d’incendie derrière un enquêteur alcoolo déprimé, ou murailles de château-fort derrière un chevalier Teuftonique, ou… Bon, z’avez compris. Au premier plan d’un dessin, donc, le trait est gras et travaillé en pleins et déliés, et au second, on prend plume ou Rhötringhk, plus fins, pour les décors. J’utilise très peu ce dernier, vous comprendrez pourquoi ci-dessous. C’est avant tout un outil technique dévolu au tirage de traits d’architecture, aux dessins sur calque. M’enfin, de temps à autre, j’ai besoin de lui pour certains machins spécifiques. Donc je l’attrape dans mon pot, et c’est là que les problèmes commencent. Je t’explique.

Continue la lecture

Hisse et Ho !

(Photo : Sophiek)

Grand soleil et ciel bleu sur Saint-Malo samedi dernier pour le début du Festival Étonnants Voyageurs. Ce beau temps n’a pas duré, mais grâce à Lise, ma formidable et combattante éditrice, j’ai découvert la cité des corsaires, que je ne connaissais pas encore, et rien que le fait de parcourir les remparts et de regarder l’océan me réjouissait à l’avance.

Continue la lecture

Tûût !

Le lion et la souris

Ramdam à bord du train, évacuation d’armoires par les fenêtres (faut quand même pas déconner), Fisc, Artaga, Agessa, Sofia et Scam balancés sur le quai, ça allège un chouïa.

En parallèle, quelques copains me racontent leurs démêlés avec l’Urssaf, autre grosse machine à problèmes, qui, quand elle s’enclenche dans une mauvaise direction (doublons de comptes, dans ce cas précis), reste bornée au point de mettre en danger des sociétés entières, du patron aux employés, en demandant le double de ce qu’on lui doit, et en réclamant des intérêts si on ne paie pas malgré l’erreur. C’est vraiment la lutte entre ceux qui aspirent à avancer vite et bien, et ces boulets, qui, malgré l’informatique, se coincent de plus en plus souvent dans les essieux.

Tout ça pour dire que j’en ai profité pour ranger la tonne de dessins que j’ai faits depuis 1985. Quitte à classer, je classe le monde entier, et hop. Et du coup, j’ai découvert que j’étais tout sauf une paresseuse, vu le nombre de trucs insensés, cartes culinaires, dessins d’étiquettes de boutanches, mangas ou story-boards de pubs, que j’ai pu tracer au début de ma carrière de gribouillarde. Du scolaire à la pelle, aussi, et de nombreux dessins pour pas mal de revues spécialisées (on commence souvent comme ça), mensuels informatiques ou revues financières. J’ai même travaillé pour Les Échos et la Tribune de la Finance, fut un temps. Je me souviens des galères que j’avais pour illustrer des titres d’articles sur le CAC40 ou les SICAV monétaires – je n’y comprenais que pouic ! Je me dis que c’est un miracle que tous ces gens m’aient gardée plus de trois ans, parfois, comme dessinatrice attitrée. Mentalement, je les en remercie souvent, ils m’ont sauvée.

Continue la lecture

Tchou-tchou

 

Période un peu compliquée en ce moment. Entre la finalisation d’un gros projet et les diverses déclarations à l’État (c’est la période pour moi : impôts, agessa, etc.), ma vie ressemble un peu à une course de conducteur de train, entre la loco qui crache sa vapeur et une palanquée de wagons bourrés à craquer qui la ralentissent constamment. J’ai beau aller et venir par les toits en courant et en me baissant pour éviter les ponts, je n’arrive pas très bien à tout prendre en main. Pas le temps de rêvasser, quoi – sauf hier, où, comme tout le monde, j’ai débrayé en profitant du soleil. N’empêche. Je me débarrasserais volontiers de l’intendance, alors que dans ce pays, chaque année, un nouveau wagon de pénibleries est accroché à l’ensemble du convoi. Dernier truc en date : déclarer à la Scam tous les dessins que j’ai pu faire dans la presse depuis 1985. Bref, des heures et des heures de taf pour retrouver tous les gribouillis que j’ai semés. « Au sec… ! » disaient jadis les héros de BD. (Ou « Argh ! », selon.)

Donc, chus au charbon, mais je reviens dès que j’peux.

Ailleurs…

Ce week-end, engloutissement dans le tsunami coloré du Salon du Livre, avec une impression puissante et désagréable de noyade absolue. Dans ce hall immense bourré à craquer, temps accéléré et silence aboli, la place est désormais tenue par des hordes d’admirateurs ébaubis de vedettes (« Regarde, c’est Françoise Hardy ! », « Attends-moi, je prends une photo de Marc (Lévy ) ! »), par des gens qui veulent d’abord voir ou être vus. Du coup, on ne distingue plus les écrivains – ou plutôt on ne les entend plus : tous sont devenus des VRP assommés de demandes, vendant leurs livres comme les troufions démobilisés vendaient des bas, du chocolat et des cartouches de cigarettes après la guerre, dans ce qui est devenu une foire d’empoigne absolument effroyable, comme le reste de ce nouveau monde de plus en plus schizo.

Grosse fatigue. Musique.

Va, chemine…

À force de bosser tête baissée, le monde est devenu une rumeur. J’ai quand même bien rigolé en écoutant de temps en temps, d’une oreille lasse, les pronostics des journalistes qui, poireautant devant le Vatican, transformaient les cardinaux en piaffants chevaux de course. Cependant, pour tout dire, la nouvelle la plus importante de la semaine n’a pas été, à mes yeux, celle de l’élection de François Ier, mais celle-ci : « L’eau salée changée en source d’électricité par des nanotubes ».

Je suis très certainement une (vieille) mécréante de penser qu’on approche mieux le mystère de la création par l’étude, et que l’humain n’est jamais plus proche de la perfection que lorsqu’il y concentre la merveille de ses cellules grises… J’y pensais encore, jeudi après-midi, en regardant d’un œil, tout en travaillant, le premier volet de « La fabuleuse histoire de la science » sur Arte. Galilée et ses loupes, Newton et (le mythe de) sa pomme, Hubble dans les étoiles. Considérer ces mammifères inspirés, minuscules organismes vivant sur une minuscule planète perdue dans l’immensité, et les voir, malgré les dogmes et les menaces des autres hommes, débrouiller l’univers, en trouver les accès et tenter de lui donner un sens, est, pour moi, un véritable miracle.

Pendant ce temps, après avoir photographié la foudre sur Saint-Pierre la nuit suivant la renonciation de Benoît, le Spectacle trouvait le moyen d’arroser la blogosphère d’une photo de nuage en forme d’ange le jour de l’élection du nouveau pape. À en croire ce nébuleux adorateur de l’insignifiant  (je parle du Spectacle, of course, et j’ajoute que je ne crois pas en lui), Dieu n’a apparemment aucune suite dans les idées.

Continue la lecture

Taupe modèle

Crayonné de Chris van Allsburg

Avant même les résolutions de début d’année, je me suis immergée dans le taf comme on plonge sous l’eau pour trouver un trésor. Le moindre éclat transparaissant entre les algues des grands fonds m’attirant comme un aimant, je m’en vais allègrement le dépiauter, quitte à rigoler s’il ne s’agit que d’un vieux pneu ou d’une chaussure percée. Autour, c’est le silence, avantage conséquent de ces disparitions volontaires au cœur de la matrice. Ces derniers mois, j’avoue que je n’en pouvais plus du bruit régnant à la surface. Blabla moua président (rentrez le périscope !) blabla mariage gay (fermez les écoutilles !) blabla la crise (remplissez les ballasts !) blabla la vie et l’œuvre de Michel Drucker (prise de plongée !) blabla le retour de Jean-Jacques Goldman (silence radio !) blabla le manque de logements sociaux (en plongée !) blabla Depardieu en Poutinie (cap au sud !).

Continue la lecture