Explorations

Élémentaire, mon cher Poirot !

Hier soir, je me suis mollement effondrée devant Arte pour rereregarder « Mort sur le Nil » et « Meurtre au soleil », deux des adaptations d’Agatha Ze Great tournées avec Peter Ustinov. Bien sûr, je les connais par cœur, les ayant vues chacune au moins trois fois, mais cela m’amusait vraiment de les goûter en version originale, chose qui  était jadis impossible  à la télévision française. L’exercice est, du coup, bien plus savoureux : l’accent belge d’Ustinov y déploie tout son charme, et les répliques de Bette Davis, parfaite en momie surmaquillée croqueuse de perles , d’Angela Lansbury, géniale en pochetronne azymutée, ou de Diana Rigg, ma chère Emma Peel (soupir), devenue cette détestable idiote bronzée qui se fait assassiner dans « Meurtre au soleil », y font merveille, sans parler des autres acteurs.

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Polar(t)s

Jamais autant lu que ces dernières semaines. Une immense fringale de polars qui m’est tombée dessus en août, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un bail. Parmi la vingtaine de titres engloutie, en voilà trois qui m’ont vraiment plu.

« Je suis Pilgrim », de Terry Hayes (Livre de Poche), premier roman d’espionnage dont le style, la construction et l’histoire m’ont absolument enthousiasmée. Le genre de bouquin que tu ne peux pas lâcher et qui te fait le sale coup de te sentir soudain tout seul et tout perdu quand tu l’as terminé, au point que tu ne sais plus quoi lire après, à moins de changer résolument d’univers – ce que je vais faire, je pense. Le pitch ? Au croisement d’une enquête policière sur un meurtre particulièrement tordu, un ex-espion reprend du service afin de mettre la main sur un terroriste solitaire extrêmement dangereux. Humaniste, déroutant, lucide, très bien ficelé.

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Piano piano…

Klimt, Arbre de vie (coucou, Zoé !)

En ce moment, recherches tous azimuts et plongée dans les Années Folles, le jazz, Sonia Delaunay et Klimt, entre autres. Un retour aux sources, une quête du motif, avec le désir de le déstructurer pour le reconstruire encore, bref, tout un travail où se mélangent l’Histoire, la géométrie et la déco. C’est franchement plus passionnant que les disputes autour d’un footballeur ou les rodomontades des chefs pas exemplaires qui nous veulent, nous, exemplaires (et soumis). C’est réconfortant face à l’horreur du fanatisme et sa bêtise sans fond. Ça peut paraître, évidemment, superficiel, et ça l’est sans doute au regard de la société bien collectiviste qui s’est installée dans nos contrées, mais je m’en fous. Quelques images, donc.

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L’AC, ou l’art de l’exécration

Continuer à subir les étrons que les milliardaires – qui nous détestent, au fond, je ne vois que ça comme explication – nous imposent, ou réagir ? Christine Sourgins, historienne de l’art et auteur  des « Mirages de l’Art Contemporain » (plusieurs fois réédité à la Table Ronde ) réagit en démontant soigneusement le « déconstruit » imposé, souligne la financiarisation de l’AC (moi itou, je déteste le mot « contemporain » !), pointe la collusion des trois M (Marché, Médias, Ministère), s’étonne qu’un Velasquez se vende, aujourd’hui, moins cher qu’une bricole prétentieuse et tape à l’oeil de Damien Hirst, et rappelle avec humour qu’on ne peut pas « déconstruire » à l’infini. Je vous laisse découvrir son intelligente synthèse.

« Autrefois, l’Art était un art de célébration, c’est devenu un art de l’exécration » (C. Sourgins)

Blog de Christine Sourgins ici : http://www.sourgins.fr/

Son récent coup de gueule sur « Contrepoints » : http://www.contrepoints.org/2014/11/24/189149-art-contemporain-vers-un-negationnisme-decomplexe

Musée Imaginaire de Patagonie (ou comment s’exiler mentalement de la vaste escroquerie de l’AC) là : http://www.musee-imaginaire-patagonie.fr/accueil/

Bookée

Cher Padawan,

Malgré mes réticences, ça y est, j’ai ouvert un compte FB pour le boulot. J’y suis allée à reculons, tête basse, en ruminant mon agacement. Et désormais, sache-le, je suis littéralement engloutie chaque jour par des tonnes de photos de chatons, de nuages (…si, si, plein de gens photographient les nuages, figure-toi !) et de vacances épatantes. On m’avait prévenue, mais je ne m’y attendais pas à ce point-là.

En dehors de ça, j’ai eu le tort d’arriver sur FB en pleine guerre d’opinions sur le conflit Israël-Palestine, sans parler de celui de l’Ukraine (mais bizarrement, là, ça intéresse moins les gens) et de l’enfer irakien (massacres qui ne mobilisent, hélas, qu’une personne sur cinquante, probablement parce qu’il n’y a pas Israël en n’d’dans). Du coup, je peux t’assurer que, dès mon arrivée, j’en ai lu des tellement vertes et pas du tout mûres que j’ai failli me tirer fissa.

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Gaga de Game

 GoT

Paraît qu’en Chine, Game of Thrones est tellement censurée qu’elle ressemble à un doc rasoir sur les châteaux forts du Moyen-âge. En France, pas (ou moins) de censure, mais un bazar inextricable, car chez nous, le manque de respect pour les séries est depuis longtemps une constante. Ici, on atteint le paradoxe d’en avoir à la fois trop et pas assez. Certaines sont larguées à des heures tellement tardives qu’on ne peut que les rater, quand d’autres, bonnes ou non, subissent des rediffusions ad nauseam. Pour quasiment toutes les chaînes du câble ou de la TNT, bourrer une soirée ou une journée d’épisodes en vrac, tout en mélangeant allègrement les saisons, est devenu une norme. Les hacher de pubs et les doubler de façon calamiteuse ne leur suffisant pas, faut en plus qu’ils gâchent, qu’ils tronquent, qu’ils mélangent jusqu’au point de rupture. Désolée, mais non, je ne reverrai pas pour la quatorzième fois le même épisode des Experts Manhattan ou de NCIS saison 6 avant de re-re-re-revoir celui de la saison 2. J’peux pas, j’peux plus.

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Trucs foireux à voir, suite

Ne crois pas, Padawan, que je ne m’intéresse qu’à l’économie – bien que je trouve que ce domaine soit le plus passionnant du moment. Non, non : bien au chaud dans ma grotte, je continue à lire plein de trucs et à travailler d’arrache-cheveux. Et puis, ces temps-ci, je m’amuse comme une folle avec toutes les « real séries » qui passent aussi bien sur Discovery que sur Planète A&E*.

Je t’ai déjà parlé des séries sur les chasseurs de fantômes ousqu’on ne voit jamais de fantôme. Là, je vais te parler de chasseurs de trésors ousqu’on voit de drôles de trésors. As-tu déjà vu « Détect’Or » (Discovery) ? Je te résume l’idée : armés de détecteurs de métaux, un ancien catcheur américain et sa famille de loufdingues creusent des trous partout aux US (avec l’accord des proprios des terrains, à qui ils refilent une commission sur leurs gains), et gagnent des fortunes en déterrant des boutons de culotte datant de la guerre de Sécession à Charlestown, des boîtes à condoms en argent ciselé à la Nouvelle Orléans, des revolvers rouillés et des épingles de cravate en or à Chicago ou à Detroit. Je te jure, ça vaut le détour ! En trois jours de fouilles, ces gusses font parfois jusqu’à 15 000 dollars de bénefs. On se demande ce que donnerait la même idée adaptée en France, avec notre longue histoire à nous qu’on a. Bon, évidemment, je dis ça, mais chez nous, une telle émission ferait hurler les vrais archéologues, parce que ces « fouilles » s’apparentent quand même plus à une razzia de souris affamées sur un morceau de comté qu’à des recherches historiques menées avec toute la lenteur et la précision qui conviennent. Donc, ça ne peut se faire qu’aux États-Unis, un machin pareil. En attendant, voir Savage père hurler « BOOOM BABY ! » de toute sa hauteur (et sa largeur) dès qu’il trouve un truc de valeur me fait bien rigoler.

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« Non seulement ils n’comprennent rien…

« Pressez n’importe quelle touche pour continuer » (AcidCow.com)

…mais en plus, ils parlent tout seuls ! » dirait le chien Toby, comme dans le dernier volet de l’excellente pub pour le Crédit Mutuel – mais si, tu sais, Padawan, cette pub dans laquelle l’acteur Hervé Dubourjal (là, je sens que je t’apprends son nom) joue de façon très drôle un père râleur et largué (ce qui le change un chouïa de Brecht ou de Dostoïevski, et met un morceau de beurre bien mérité dans ses épinards quotidiens)

Bon, je reprends : « non seulement vous n’comprenez rien, mais en plus, vous parlez tout seuls ! », voilà la phrase qu’on aurait envie de balancer aux faces de carême des mollusques plombés qui nous dirigent – ainsi d’ailleurs qu’aux autres bandes, tout autant flapies, sans idées, lourdingues et collantes, qui guignent la place de notre Poussah national et de ses vizirs.

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