Explorations

Le Syndrome de la Greffière Maudite

 

La plupart du temps, le soir, quand je ne travaille pas ou que je ne vais pas danser la java avec Julot sur le pont de l’Alma, je me cale sur une chaîne ciné, sur une série ou sur un doc. Et puis quelquefois – mais là c’est rare, très rare, juré ! – je regarde des trucs foireux. Quand je dis « trucs foireux », je ne parle pas de ces émissions de plateau où des gens bavassent trois heures durant sur les dernières élections ou la courbe du chômage. Je ne parle pas non plus des pensums où un type, qui anime le même « entre-soi » depuis 120 ans, invite ses potes pour vendre leur dernière production, ni des jeux abscons, ni des feuilletons français aux dialogues et aux images de plomb. Non, tout ça, je ne regarde jamais, je ne peux simplement pas, faut pas exagérer. Non, mes trucs foireux à moi passent sur certaines chaînes du câble, genre D8 ou W9 ou Planète +, enfin l’une des 300 et quelques chaînes que je regarde cinq fois par an.

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Allonzenfants de la krâhââ reuuuuh kof ! kof ! kof !

Finalement, concernant la Marseillaise, je retire, j’avais oublié Reinhardt et Grappelli. Comme quoi tout est affaire d’interprétation, donc.

Sinon, comme tout le monde à Paname, j’ai super bien craché mes poumons cette semaine, pendant que le gouvernement « envisageait » (le gouvernement « envisage » beaucoup et souvent, mais ne prend jamais aucun risque, vous avez remarqué ?) un nouveau truc de type taxe sur chépakoi. Je résume l’option réclamée par nos dirigeants depuis 15 ans : acheter une voiture fronçaiiizzzzze (soutenir le marché) et la ranger dans un tiroir, parce que ne pas la conduire (ne pas polluer) et ne pas la garer (pas de parkings, ou alors très, très chers). Sérieusement, je ne peux plus, moi, « envisager » ce gouvernement (ni le précédent, ni celui d’avant, ni, probablement, celui d’après). D’ailleurs ces temps-ci, je n’envisage pas grand-chose d’autre que de me planquer dans ma tanière, finir mes commandes, abattre à la tronçonneuse l’administratif (plus encombrant que jamais), essayer de préserver mes derniers picaillons des rapaces, et voir le moins de monde possible. Groumpf.

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Swing !

Take five – Dave Brubeck

C’est parfois étrange de vivre dans un pays qui swingue aussi peu. Voilà une question que je me pose d’ailleurs souvent : pourquoi les Anglo-saxons swinguent-ils, et pas nous ? Est-ce que c’est simplement une tournure mentale ? Le fait que l’humour aille si bien avec le swing me le laisse penser de plus en plus. Certes, ici, on a l’esprit, le fameux « esprit Français ». On a aussi de beaux esprits, je veux bien le reconnaître, malgré cette mode du ricanement désagréable qui s’infiltre aujourd’hui partout (c’est toujours l’autre qui est ridicule, chez les Français, bien sûr). Peut-être aussi que le problème vient de notre langue, terriblement précise, carrée, quand la langue anglaise est plus floue, si ronde

Je ne trouve pas de réponse satisfaisante. Tout ce que je sais, c’est que je n’aime pas vraiment « La Marseillaise », hymne que je trouve  lourd et pompier. Ah, la marche en rang… C’est sans doute un peu l’origine du problème des Français, ce goût de la musique militaire, ce « Oooon-deux ! Oooon deux ! », qui fait que le public claque toujours des mains sur le temps fort, jamais sur la caisse claire, et donc manque si souvent de légèreté.

Random Memories

Jusqu’à quel point est-on influencé ? Jusqu’à quel point notre imaginaire est-il lié à celui d’autrui ? On passe finalement plus de temps à réinventer, réadapter, sans toujours être conscient des choses qui ont formé notre goût, notre univers intérieur. Dévider ensuite le fil, remonter le temps, retrouver les correspondances est assez amusant, souvent surprenant.

Récemment, j’ai revu les six « Star Wars », dont les trois premiers qui m’avaient tellement emballée à leur sortie (j’avais alors l’âge qu’il fallait avoir pour adorer ces films). Les progrès en images de synthèse et en effets spéciaux ont été tels depuis que ces trois épisodes de la série, malgré leurs ajouts numériques ultérieurs, ont quand même un peu vieilli. Un jour, on leur trouvera probablement le charme que l’on trouve aux films où officiait Ray Harryhausen, le pionnier des monstres animés des années 1950. Peu importe, je craque toujours pour R2D2 et C3PO, ainsi que pour toutes les trouvailles, vaisseaux spatiaux et personnages secondaires qui font le sel de cette double trilogie, et je ne parle même pas de Darth Vador. Mais bon, C3PO est définitivement un cousin direct de la femme robot de « Metropolis », ce que je n’avais pas vu jadis, et qui, pourtant, crève les yeux.

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La cuillerée qui tue

Y’a des moments où on n’a plus tellement envie de l’ouvrir. Pas qu’on soit enfin content de son sort – au contraire même, puisque tout continue à aller de traviole dans tous les domaines – mais parce qu’on ne sait plus très bien par quel bout prendre l’espèce d’énorme pelote de connerie humaine qui nous enserre chaque jour un peu plus.

C’est fatiguant de se dépatouiller de tout ça, de chercher sans arrêt le bout d’un truc qui n’en finit pas de s’embrouiller, surtout quand ce qui nous aidait encore un peu il y a quelques années, c’est-à-dire les cervelles des gens qui œuvraient vaillamment à clarifier les choses, nous lâche en cours de route – ou, pire encore, nous ligote un peu plus.

C’est ça, le problème du règne de la quantité sur la qualité. 40 Unes de journaux mêlées sur les dieudonneries des uns, et 40 autres sur les frasques sexuelles d’un gars qui, tout juste arrivé à l’Elysée, aurait demandé à l’huissier qui lui faisait visiter les lieux par où sortir sans être vu, ça vous assomme un être intelligent pour un bon mois, sinon plus. Comment voulez-vous, ensuite, vous intéresser aux événements vraiment importants, soit tout ce qui, autrefois, faisait à juste titre la Une des journaux, et qui est maintenant relégué en tout petit en page 12, entre une pub pour shampoing et la critique dithyrambique d’une mauvaise comédie ?

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Tout se mérite !

« Bois sans soif », le premier roman de François Perrin, est enfin sorti. Inutile de vous préciser que je me suis ruée dessus et que j’ai déjà commencé à le humer, ainsi qu’on le fait d’un grand cru. D’abord parce que j’aime François Perrin depuis qu’on s’est rencontrés – virtuellement, puis en vrai – il y a six ans, époque où j’ai commencé à le lire sur le web, puis sur Strictement-Confidentiel. Ensuite parce que j’adore faire du copinage quand mes grands copains (on ne dit plus « amis » depuis FB, c’est dévoyé à donf’) ont du talent. Et lui, il en a un paquet, d’ailleurs Jaenada le dit lui-même très joliment en préface, et Jaenada, c’est pas rien, je te prie de le croire.

« Bois sans soif » (Editions rue Fromentin), ou la vocation du zinc, devant, parfois dessous, et surtout derrière. (PS : Je ne sais pas pourquoi, d’autant que je n’ai pas encore lu le livre, mais je ne peux m’empêcher, soudain, de penser à Jacques Perret et à son « Vent dans les voiles », géniale et si drôle histoire de bar devenu navire une fois baissé le rideau d’acier… Perrin, Perret… Bizarre, bizarre, non ? … Vive le vent.)

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Des ronds et du son

Type : Rider, image du jeu conçu par Cosmografik, alias Théo Le Du Fuente

Mardi soir, dans le but me requinquer d’une semaine précédente grevée de deux nuits blanches à trimer, je suis allée explorer en ligne les 5 premiers niveaux de « Type : Rider », le premier jeu d’Arte. J’avais eu l’oreille alertée (et l’œil irrésistiblement attiré) par les annonces de la chaîne. J’adore la typographie ; j’ai jadis étudié son histoire en cours de dessin et, hasard mystérieux, je sortais tout juste d’une petite création de police de caractères très 1930-40 pour un projet destiné à Hermès. Donc je plonge, et merveille, je savoure le jeu, sa finesse, son intelligence, sa musique et sa beauté graphique. Lorsque je relève le nez, Paris dort à poings fermés, la Tour Eiffel est éteinte, et j’ai la tête pleine d’images et d’idées.

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