Explorations

Hors-zone

Marooned pirate, illustration d’Howard Pyle

L’autre jour, ma passion avouée pour les corsaires et les pirates (valeur dite « de gauche ») m’a poussée à acheter le dernier « Figaro – Histoire » (journal dit « de droite ») qui leur est, en partie, consacré. J’y ai également trouvé un dossier sur Malte (ordre de chevalerie « de droite » selon la tradition), un autre sur Rocamadour, un troisième sur l’expo « Hérode le Grand » du Musée d’Israël de Jérusalem, et un dernier sur Guédelon, le fameux château-fort que des passionnés d’archéologie construisent à l’ancienne, en Puisaye, près de Saint-Sauveur. Bref, rien que des articles que j’avais envie de lire – je n’ai d’ailleurs pas fini d’éplucher ce numéro. En rentrant, j’ai rigolé et je me suis dit : « Ça y est, ma poule, tu achètes ce genre de journal, t’es « de droite » selon les critères en vigueur en ce moment… » Et puis j’ai mis la plaisanterie de côté, et j’ai cogité.

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Gamer Blues

Question jeux vidéo, malgré la qualité des œuvres qui sortent, je suis quand même assez frustrée depuis dix ans. J’adore des jeux (anciens, maintenant) comme « Anno 1404 » (Ubisoft), j’en ai déjà parlé ici. Leur graphisme épatant me régale, mais au bout d’un moment, je m’ennuie, je piétine et je recommence tout à zéro, ce même si les choses se déroulent bien. Pareil pour « Skyrim », cette absolue merveille. Y jouer est formidable, mais j’aimerais quand même aussi pouvoir sortir un doigt de pied d’une ville sans avoir à combattre toutes les deux minutes dragons, morts vivants, bandits ou araignées géantes. Au bout d’un moment, ça lasse, la castagne. Du coup, je me suis arrêtée au niveau 40, et je ne sais pas quand je le reprendrai. Là, je viens de m’offrir « L.A. Noire », jeu apparemment plus centré sur les enquêtes (et avec du jazz en n’d’dans). Le graphisme est beau, L.A dans les années 1940 me botte bien. On verra, je ne l’ai pas encore commencé.

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Dioramas et miniatures

Une des œuvres de la série « Street Vitrine », par Benjamin Affagard, alias Come

En général, chercher de la documentation sur le web est une aventure qui me fait trouver mille choses que je ne cherchais pas. Un peu comme quand je classe mes bibliothèques : ça commence toujours bien, et puis en plein milieu, j’ouvre un bouquin et je me mets à le relire, et je pars sur un sentier de traverse hyper long, ce qui fait que trois jours plus tard, j’y suis encore, assise par terre au milieu de la poussière, à rechercher le nom d’un dessinateur oublié ou à éplucher les titres de la Noire.

Là, j’étais partie, il y a une semaine, étudier les façades des immeubles de Paris, et au bout de quelques clics, je suis tombée sur cette jolie photo ci-dessus. Intriguée, j’ai regardé le petit film sympa qui va avec (cliquez sur la photo, vous atterrirez sur le site), et ça y était, j’étais projetée vers un ailleurs que j’adore depuis l’enfance : l’univers des dioramas et des maquettes.

Après cette vidéo, je me suis mise à chercher les orfèvres du tout petit, ceux qui, allant au-delà du simple diorama, réussissent à en faire un art à part entière.  Voilà trois d’entre eux.

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Pâles Buster, pale butlers

L’affaire Guéant me paraît, vue de loin, en zappant chaque jour d’un titre du Monde à l’autre histoire de rester un peu au courant des événements du pays des zombies, une sorte de gag récurrent. D’abord, de Une en Une, la trombine pas marrante de l’ancien ministre apparaît, tournée à gauche, à droite ou de trois-quarts ou de profil, pendant qu’il entre dans un ministère ou qu’il sort d’une chancellerie. À cause de ces changements systématiques de vues qui, de jour en jour, donnent la fausse impression que l’enquête avance, ce visage toujours fermé me fait vaguement songer à celui de Buster Keaton, imperturbable malgré toutes les catastrophes qui tombent sur lui. Hier, ça a fini par me fait rire, d’autant que les justifications diverses des sommes trouvées sont présentées à une telle vitesse et dans une telle incohérence que le bombardement des titres devient lui aussi comique. Ce n’est pas seulement, au fond, de la faute de l’intéressé. On dirait surtout que les journalistes, mis en bouche par l’affaire Cahuzac, ont hâte de croquer maintenant un peu dans la chair de la droite, en oubliant qu’il serait bienvenu de leur part de vraiment taper à droite, et de continuer de creuser du côté du FN pour mettre en lumière les vilains secrets de toute cette smala prompte à copiner avec qui voudra pour placer du fric en Suisse.

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Le monde inverse*…

Bien ri hier, en suivant le journal de midi de France 2. Deux reportages se suivaient. Le premier était sur les Vélib’s, notifiant que trois villes de France en étaient désormais dotées au max, soit Paris, Marseille et Toulouse, avec interviews de gens contents de pédaler ; le second était sur la pollution, notifiant que les trois villes les plus embouteillées et les plus polluées de France étaient… heu… ben  Paris, Marseille et Toulouse. (Ah ? Tiens…)

Bon, rien à voir (ou tout à voir, indirectement, au fond), joli débat entre Stiegler et Todd, pioché chez Jorion, relayé ici. Dommage que ni l’un ni l’autre n’ait pensé, à propos des intellectuels ayant pressenti le cul-de-sac poisseux de la « révolution conservatrice » (pourtant, ils citent TF1 et son choix « d’abrutissement systémique » !), à parler de Guy Debord.

Prenez le temps d’écouter, ça démêle un peu l’embrouillamini actuel.


En direct de Mediapart : le débat Stiegler – Todd par Mediapart

* Ce « Le monde inverse » renvoie à la notion alchimique du retournement des valeurs, qu’on peut aborder, par exemple, à travers Chrétien de Troyes et tout ce qui tourne autour de la légende du Graal.

Avant l’éveil…

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Semaine en grande partie chinoise, pleine d’ombres et de lumières malgré le froid persistant. Après avoir profité de ma grippe pour lire « Lune de Printemps »*, j’ai réattaqué « La Cité Interdite », le très beau recueil d’aquarelles de Charles Chauderlot (Rouergue, 2006, avec Cyrille J-D. Savary). J’avais déjà parlé ici de ses merveilleuses vues dévoilant la partie secrète de cette étrange ville qu’est le Palais Impérial, mais je n’avais pas encore lu ses textes passionnants. Toujours amputée d’une grande partie de son histoire par la révolution culturelle, la Chine profonde d’aujourd’hui, poursuivant sa marche encore chaotique vers le futur, n’a pas encore retrouvé toute sa mémoire. Les nuages de pollution de plus en plus opaques qui encombrent les immenses bronches du Dragon ne l’aident pas beaucoup. En plus de mes lectures, j’ai donc été contente d’apprendre que les bandes dessinées récentes de Li KunWu, qui évoquent l’ancienne Chine et ses traditions, permettent aux Chinois de rebâtir quelques ponts ouvragés entre leur passé et leur avenir.

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