A la demande de Patrick V., je reposte ici un court article que j’avais écrit sur Hammershoi. C’est bien, parce que cela m’a fait m’apercevoir que pendant que je trimais au fond de ma mine et négligeais ce site, celui-ci était doucettement hacké (je dis « doucettement » parce que le hacker n’a pas trop foutu le bazar dans mes petits posts, ce dont je le remercie au passage). J’ai évidemment changé mon mot de passe et j’espère ne plus avoir de souci par la suite. On verra… :)
Vilhelm Hammershoi (1864 – 1916). Danois, fils d’un marchand aisé, Hammershoi fit ses études à l’Académie Royale de Copenhague, puis il suivit l’enseignement du peintre symboliste Peter Severin Kroyer. Comme lui, il fut en partie influencé par les impressionnistes français, et il réalisa nombre de toiles en extérieur. Le public de son époque privilégia cependant ses scènes intimistes – il peint inlassablement sa demeure, et sa femme Ida, très souvent vue de dos, lui sert de modèle principal.
Sa quête de lumière passe par un travail tout à fait original sur la couleur : pas de tons vifs, mais une subtilité fabuleuse dans les variations des gris, des bleus, des bruns et des blancs. En cela, certains critiques le compareront à Vermeer, opposant son goût des demi-teintes aux couleurs vibrantes de peintres de sa génération (comme Matisse), le « démodant » là où il était, justement, hors de la mode, au point que ses œuvres restent encore, aujourd’hui, absolument intemporelles.
Sans parler de la parenté que j’y vois parfois avec Magritte, il est intéressant de mettre son travail en parallèle avec celui de Gustave Caillebotte (1848–1894), autre solitaire au parcours atypique, sauvé de l’oubli dans les années 1970 par la clairvoyance des collectionneurs américains. Leurs palettes sont différentes, mais les deux peintres ont en commun une vision détachée, sereine, un point de vue silencieux d’humbles contemplateurs s’émerveillant d’un rayon de lumière caressant avec délicatesse les pavés d’une rue, la neige sur un toit, ou la chair d’un personnage.
Good to know you’re back, dear host
Ah merci, dear Night. Je ne suis jamais très loin, mais je manque vraiment de temps depuis trois ans, trop occupée à me battre pour gagner des picaillons… C’est bête comme chou, hélas.
Merci du geste…un vrai plaisir de farfouiller dans les archives de ce blog..amis lecteurs n’hésitez pas…
Merci Patrick, c’est très gentil à toi. Il faudrait que je fasse un peu de ménage, en remplaçant notamment les images qui ont sauté, un de ces quatre… :)
(Et vu la disparition de beaucoup de blogs amis, pas mal de liens ne mènent plus à rien, hélas…)
Je ne connaissais pas ce peintre. Vous pensez à Caillebotte et c’est assez logique. Pour Magritte, je suis plus circonspect (sans doute aussi parce que je n’aime pas Magritte, qui n’est qu’un faiseur). En fait, il s’agit moins d’une question de style que d’une impression de saturation. L’idée d’un univers étouffant et étouffé, comme on en trouve au cinéma chez Dreyer. Mais pour en rester à la peinture, et sans pouvoir en justifier pleinement les raisons, je pense à Edward Hopper et même à De Chirico. Une oppression, un encerclement, une finitude…
Bonjour Philippe ! :) Oui, Hopper, bien sûr, je suis tout à fait d’accord. Je ne sais pas pourquoi je fais le lien avec Magritte, je le vois sans l’expliquer vraiment (c’est un lien avec certaines de ses toiles seulement, celles sur les portes ouvertes sur le ciel), c’est sans doute parce que j’imagine un travail contradictoire de sa part, comme une suite de pensées…. Ceci dit, je ne crois pas que Magritte était un faiseur, il y a une réelle qualité de peintre dans son travail, même s’il surfait régulièrement sur l’anecdotique (chose à laquelle l’Art Contemporain nous assigne désormais) comme pas mal de peintres « malins » de sa génération, y compris parmi les plus grands… ;)
En revanche, je ne vois ni ne ressens d’étouffement chez Hammershoi. A mes yeux, c’est une peinture d’exil intérieur, au sens « zen » du terme. L’extérieur n’en est pas exclu, il veille, il est là, dans la lumière changeante et le temps qui passe, et on n’est pas enfermé mais on se recueille, on se tait, on savoure l’infiniment petit, le quotidien. C’est très taoïste, en fait ! :D (En revanche, pour ma part, je ne ressens pas l’angoisse et la solitude « hopperiennes » dans les toiles d’Hammershoi.)