Edward Hopper

Le silence d’Edward Hopper

Compartiment C, voiture 193, 1930

De tous les peintres dont j’ai vu les œuvres, l’un de ceux qui me touchent le plus est Edward Hopper. Peut-être parce que chacune de ses toiles raconte une histoire ; peut-être aussi parce qu’aucune n’est véritablement ce qu’elle semble. Un observateur distrait dirait de son travail : « Voilà un homme qui, témoin de son époque, peint des villes, des paysages, des maisons ou des rues remplies de gens affairés ou songeurs. » Un observateur attentif se rendra compte que les rues sont presque désertes, les appartements étroits comme des boîtes, les maisons quasiment toujours isolées, abandonnées au temps et à la lumière. Quant aux sujets animés des œuvres, on les voit soit coincés entre des murs, soit confrontés à une nature immense, indifférente, un paysage dont on ressent la toute puissance, certes domptée pour quelque temps, mais prompte à se rapprocher, à enserrer et à menacer d’engloutir à nouveau le monde rectiligne et technique issu du cerveau humain.

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