Paul-Louis Courier

La cuillerée qui tue

Y’a des moments où on n’a plus tellement envie de l’ouvrir. Pas qu’on soit enfin content de son sort – au contraire même, puisque tout continue à aller de traviole dans tous les domaines – mais parce qu’on ne sait plus très bien par quel bout prendre l’espèce d’énorme pelote de connerie humaine qui nous enserre chaque jour un peu plus.

C’est fatiguant de se dépatouiller de tout ça, de chercher sans arrêt le bout d’un truc qui n’en finit pas de s’embrouiller, surtout quand ce qui nous aidait encore un peu il y a quelques années, c’est-à-dire les cervelles des gens qui œuvraient vaillamment à clarifier les choses, nous lâche en cours de route – ou, pire encore, nous ligote un peu plus.

C’est ça, le problème du règne de la quantité sur la qualité. 40 Unes de journaux mêlées sur les dieudonneries des uns, et 40 autres sur les frasques sexuelles d’un gars qui, tout juste arrivé à l’Elysée, aurait demandé à l’huissier qui lui faisait visiter les lieux par où sortir sans être vu, ça vous assomme un être intelligent pour un bon mois, sinon plus. Comment voulez-vous, ensuite, vous intéresser aux événements vraiment importants, soit tout ce qui, autrefois, faisait à juste titre la Une des journaux, et qui est maintenant relégué en tout petit en page 12, entre une pub pour shampoing et la critique dithyrambique d’une mauvaise comédie ?

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